Littéralement. On te détaille ici un fait historique pour le moins original et unique survenu quelques années plus tôt. Si ton livre d’Histoire en parle, préviens-nous ici qu’on participe au cours. Cela reste un événement curieux mais tragique, alors sors ton mouchoir rose.
Les faits
*musique de film pour créer le suspens*
Londres, lundi 17 octobre 1814
George Crick, commis au sein de Horse Shoe Brewery, quitte la brasserie pour faire une course lorsque soudain, une cuve de bière de plus de 500 000L rompt. La bière jaillit et provoque alors un effet domino* au sein du lieu. Les autres cuves se brisent à leur tour et déversent pas moins de 1,47 million litres (soit une pinte pour chaque habitant de Toronto) dans les environs. C’est une vague de plus de 4 mètres qui vient se répandre dans les rues et détruire les habitations. 8 personnes sont décédées noyées du fait de cet incident.
THE END
*effet domino : réaction en chaîne où un événement insignifiant déclenche une série d’actions de plus en plus incontrôlables et maléfiques. Par exemple : le SMS de ton pote “on prend un verre ce soir ?” ou plus traditionnellement : “Il faut qu’on parle ! “.
Bon, à moins que tu sois Sherlock Holmes, un légume ou déjà bien informé sur ces faits, il doit y avoir quelques questions qui te viennent à l’esprit. En exclusivité plus de 200 ans plus tard, voici donc les détails les plus croustillants de cet événement.
L’incident aurait pu être évité !
Pourquoi la cuve a-t-elle rompu ? A priori ce genre d’incident n’arrive pas non plus tous les quatre matins. En fait, il semble qu’un rivet ait éclaté et qu’un arceau de la cuve se soit donc détaché, libérant ainsi son précieux liquide. Pas de bol, si ce n’était pas la plus volumineuse de toutes (avec sans rougir presque 7 mètres de haut pour 10 mètres de diamètre), cela a suffi à détruire les autres cuves.
Sauf que ce défaut du matériel était déjà connu… Il arrivait en effet que l’arceau se détache deux ou trois fois par an. George Crick s’apprêtait d’ailleurs à le signaler aux propriétaires même s’il n’était pas particulièrement alarmé par le phénomène. On imagine donc que sur le long terme, cela a finalement fragilisé jusqu’à rupture la cuve quasiment pleine.
Pourquoi heureusement n’y a-t-il pas eu plus de victimes ?
En effet, à cette époque Londres est une des villes les plus peuplées du monde, avec presque 1 million d’habitants. Plus précisément, le quartier des bidonvilles touchés accueillait principalement des immigrés ruraux irlandais. Du fait de la précarité des habitations et du nombre élevé d’habitants, l’inondation aurait ainsi pu faire beaucoup plus de victimes.
Par chance, c’est l’heure même à laquelle la bière s’est déversée qui a permis d’éviter que la catastrophe empire. Car vers 18h, la majorité de la population probablement ouvrière n’était pas encore rentrée chez soi, évitant ainsi le déluge. Il semble aussi qu’il n’y ait eu qu’un seul témoin de ce raz-de-marée.
Quelles ont été les conséquences de cette inondation ?
Le désastre a été perçu par un média britannique comme équivalent à un tremblement de terre. Imagine-toi de la bière partout et des habitations en ruine. Pour autant, on rapporte aussi que les Irlandais du coin ont profité de la situation pour récupérer chez eux de la bière. En même temps, qui ne l’aurait pas fait dans ces circonstances incongrues ? 🙂
Par la suite, l’entreprise, qui venait de perdre 10% de sa production annuelle, a été poursuivie en justice. Mais le tribunal aurait déclaré l’événement comme un cas de force majeure ou “Acte de Dieu” et donc aucun responsable n’a été condamné. L’affaiblissement financier subit par la brasserie fut compensé l’année suivante grâce à une exemption de taxe sur la bière produite équivalente à la quantité perdue.
Horse Shoe Brewing fut détruite en 1922 pour laisser place à l’actuel Dominion Theatre en 1928. Effectivement, la localisation de la grande brasserie, aussi proche du centre-ville, était devenue de plus en plus inadaptée face à l’évolution de Londres.
Quelle était la bière de ce raz-de-marée ?
On se doute qu’il n’y a que ça qui t’intéresse 😉 Sans réelle surprise, les cuves contenaient des brassins de Porter : une bière noire similaire au très populaire Stout Guinness. En 1814, Horse Shoe Brewing était le 6e producteur de ce style de bière très répandu alors dans le Londres ouvrier.
La première cuve à avoir été brisée contenait une maturation de plus de 10 mois de Porter ! Une fois suffisamment mature, elle était destinée à être mélangée avec des Porter fraîchement brassées pour s’adapter aux goûts des consommateurs.
Malgré l’événement, l’entreprise est restée l’une des plus importantes fabricantes de Porter, en introduisant les “Ales” dans sa production qu’en 1872.
Si tu es passionné•e de Tsunami et que tu veux en apprendre plus, tu trouveras de quoi satisfaire ta curiosité, dans une langue bizarre, grâce à l’article très complet de zythophile.co.uk. On te laisse ici avec ce conseil : si tu vas visiter Londres, n’oublie pas ton maillot de bain et ta chope !